Elle était assise. Elle bougeait peu. Il m’a semblé que son corps accomplissait un pas en avant puis deux en arrière. Elle donnait, sans pour autant se donner, se retirait aussitôt. J’appris plus tard qu’elle avait voulu être danseuse. Cela apparaissait : le fantôme d’un corps qui n’était pas ce qu’elle aurait voulu être. Je ne savais si ce corps désirait, et ce qu’il désirait ; sans doute l’ignorait-elle elle-même. Souhaite-elle une relation désincarnée ? Si on enlève les corps, que peut-on faire ? Parler ? Nous avions parlé. Après avoir parlé si on veut faire, si on veut passer à la réalisation de choses, comment oublier les corps, comment les laisse en retrait ? Ce ne sont pas de purs esprits qui parlent : ce sont des êtres avec des corps. J’avais envie de lui écrire. Mais comment écrire à un être dont le corps est absent, en retrait, en réserve ? Comment écrire à un fantôme ? Je conçus que ce n’était pas acceptable.