« Mais que voit-on, quand on ne voit rien ? », interroge Clément Rosset dans L’Invisible [1]. Ce que l’on ne voit pas, est-ce une manifestation de la vacuité ? La « vacuité » — nom féminin — est le « fait d’être vide ». Ce qui est « vide » est « ce qui ne contient rien ». « C’est du vide, dit Lao-Tseu, que dépend l’usage ». « Vide » — nom masculin — désigne aussi bien « un espace ne contenant rien » qu’un « sentiment de manque » et par extension le « néant ». L’invisible nous ouvre au (nous projette dans) le néant. Quand on ne voir rien, voit-on le néant ? Et qu’est-ce que — qu’est-ce que serait — voir le néant ? Nous sommes liés (à l’invisible). « Nous sommes, selon Novalis, liés de plus près à l’invisible qu’au visible. »
[1] Clément Rosset, L’Invisible, Editions de Minuit, 2012