En art, comme dans les rapports humains, l’idée de totalité n’est probablement acceptable que conjuguée à la notion d’infini, selon la thèse développée par Emmanuel Levinas dans Totalité et infini [1]. L’œuvre est comme Autrui : lorsqu’elle se présente à nous, elle excède toujours l’idée que nous pouvons nous en faire. Le rapport à l’œuvre n’est jamais une pure relation, ni le résultat d’un savoir seulement ou strictement rationnel. L’œuvre est alors, selon les mots de Lévinas, « une proximité spontanée, asymétrique », d’apparence « infranchissable ». (…) Que l’artiste s’efforce ou non de rendre disponible une totalité, l’œuvre échappe et s’échappe : elle (n’) apparaît (qu’) en disparaissant.
Entretien avec John Cornu. Note préparatoire.
[1] Totalité et infini, Essai sur l’extériorité, La Haye, M. Nijhoff, 1961