Bien sûr qu’il faut aller au tableau et l’écrire, le livre. Aller au tableau tel un peintre, et le faire, faire être le livre.
Bien sûr qu’on ne voit rien si l’on ne conçoit pas que le livre fut exécuté. Que son exécution fut physique. Qu’il y eu un engagement de qui écrit avec ses instruments.
Bien sûr que l’engagement et l’implication physique ne sont rien, ne font pas le livre. Avec tout ce qu’il est, qui écrit doit mettre en place de l’écriture dans son livre.
Bien sûr qu’il faut que dans le livre une écriture soit possible. Que ce ne soit pas seulement une possibilité mais une mise en place possible, sinon une mise en place du possible. Mise en place ou arrangement, au sens de s’arranger avec, de s’en arranger.
Bien sûr qu’il faut éprouver cet arrangement, cet acquiescement de l’écriture avec elle-même, dont qui écrit est à la fois l’auteur et le témoin.
Bien sûr que l’écriture exécutée, lorsque l’auteur la considère (la retourne littéralement sur elle-même pour la voir) le regarde.
Bien sûr qu’il faut pouvoir regarder et être regardé. Soutenir ce regard, sans aucun autre contentement que l’impertinence des mots qui furent écrits.
Est-ce que cela vous plaît ? Est-ce que ce possible vous va ? Vous procure-t-il du plaisir ? Qui écrit arrache de lui ce plaisir.
Bien sûr qu’il faut aller le chercher ce plaisir. Et de la vie devient possible. Et le plaisir devient visible : un visible avéré.
Lorsque l’écriture étonne qui écrit. Lorsque s’écrit l’étonnement. Lorsque, étonnée, l’écriture laisse voir tous ses penchants.
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Extrait de : Choses seulement faites pour qu’on les regarde, ENd éditions, 2015