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Les gens remuent autour de quelque chose qui au fond n’existe pas. Pino Pascali
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À Michel Verjux
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Suite de trois pour une. Éclairage : 3 projecteurs de diapositives
Collection : Caisse des dépôts et consignations, Paris
Exposition Michel Verjux, 7 ans de réflexion, Villa Arson, Nice, 1991
Photographie : Jean Brasille
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Forcément la lumière
Forcément la lumière
Séjourne un certain temps
Dans le lieu
Forcément
Ce séjour dans le lieu
Laisse des traces
Traces dans l’œil
Sas lumineux
Éclairant la pensée
De son extrême qualité
Qu’on regarde
On s’étonne
Forcément
L’étonnement
Ne cesse d’être éclairé
D’autant que cette lumière
N’augmente
Ni ne tombe
(ne fane)
Comme si
Plus encore que donnée
Elle était rendue
Rendue à une couleur
Sorte de blanc
Dont on ne connaît rien
On reconnaît la lumière
Plutôt qu’on la connaît
Nul besoin de signes
Pire de sens
Besoin de quelque chose
Enfin proposé brut
Mais pas brutalement perceptible
De sorte que chacun peut penser
À ce que chacun voit
Même si voir est croire
Et même croire voir
Lumière rendue
Étrangement intacte
Ce qui s’en va dans le faisceau
Est à proportion
Voire est égal
À ce qui reste
De la projection
Sorte d’explosion calme
Il ne reste rien
Que l’immatérialité du reste
Ce reste immatériel
Une « projection »
Pour une fois
(cette fois)
Il suffit de regarder
Le regard
Lorsqu’il est concentré
Tel un faisceau
Fait le reste
Il y a on ne sait quoi
Autour de quoi on se dispose
On dit de cette lumière
Qu’elle n’éclaire rien
Elle éclaire cela
Autour de quoi on se dispose
Cela
La lumière elle-même
Elle-même
Et seule
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Mars 1991. Revu en mai 2013
Titre initial : La lumière elle-même et seule, Courte considération sur la lumière dans l’œuvre de Michel Verjux. Français/anglais. In catalogue Michel Verjux, 7 ans de réflexion, Villa Arson, Nice, 1991, et Michel Verjux, Au milieu, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 1992
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